Книга Бедная Лиза - Николай Карамзин
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J'ai relu encore une fois Votre „Contemplation“ avec toute l'attention possible. Oui, Monsieur, je puis dire sans ostentation, que je me sens capable de traduire cet excellent ouvrage sans le defigurer, ni meme affoiblir beaucoup l'energie de Votre style; mais pour conserver toute la fraicheur des beautes, qui se trouvent dans l'original, il faudroit etre un second Bonnet, ou doue de son genie. D'ailleurs notre langue, quoique fort riche, n'est pas assez cultivee, et nous avons encore tres peu de livres de philosophie et de physique? ecrits ou traduits en russe. Il faudra faire de nouvelles compositions, et meme creer de nouveaux noms, ce que les Allemands ont ete obliges de t'aire, quands ils ont commence a ecrire en leur langue; mais sans etre injuste envers cette derniere, dont je connois toute l'energie et la richesse, je dirai que la notre a plus de souplesse et d'harmonie. Le sentiment de l'utilite de mon travail me donnera la force necessaire pour en surmonter les difficultes.
Vous etes toujours si clair, et Vos expressions sont si precises, que pour a present je n'ai qu a Vous remercier de la permission, que Vous avez bien voulu me donner, de m'adresser a Vous, en cas que quelque chose dans Votre ouvrage m'embarassat. Si j'ai de la peine, ce sera de rendre clairement en russe ce qui est tres clair en francois, pour peu que l'on sache ce dernier.
Je me propose aussi de traduire Votre „Palingenesie“. J'ai un ami (Mr. NN. a Moscou), que s'estime heureux, ainsi que moi, d'avoir lu et medite Vos ouvrages, et qui m'aidera dans mon agreable travail; et peut-etre que dans l'instant meme ou j'ai l'honneur de Vous ecrire, il s'occupe a traduire un chapitre de Votre „Contemplation“ ou de Votre „Palingenesie“, pour en faire un present a son ami, a son retour dans sa patrie.
En presentant au Public ma traduction, je dirai: „Je l'ai vu luimeme“, et re lecteur m'enviera dans son coeur.
Daignez agreer mes remerciements de l'accueil favorable que Vous avez eu la bonte de me faire, et le respect profond, avec leque'l je suis,
Monsieur,
Votre tres humble et tres obeissant serviteur N. N.».[136]
Вот ответ:
«Si je n'avois pas su, Monsieur, que vous etes Russe de naissance, je ne m'en serois pas doute a la lecture de votre obligeante lettre. Vous maniez notre langue comme un Francois qui l'a cultivee, et je ne puis trop me feliciter d'avoir rencontre un Traducteur aussi capable que vous l'etes de rendre bien son original. Vous ne rendrez surement pas moins bien la „Palingenesie“ que la „Contemplation“, et ces deux ouvrages vous devront un honneur auquel l'Auteur sera extremement sensible, celui d'etre connu d'une Nation que votre patriotisme desire d'eclairer, et qui est tres susceptible d'instruction.
J'ai, Monsieur, un plaisir a vous demander; ce seroit d'accepter pour lundi prochain, 25 du courant, un petit diner philosophique dans ma retraite champetre. Si ce jour peut vous convenir, je vous attendrois sur le midi, et nous nous entretiendrions ensemble d'un travail dont je vous suis si redevable. Veuillez me donner un mot de response.
Je suis charme d'apprendre que vous ayez a Moscou un Ami inspire par les memes vues qui vous animent, et la satisfaction qu'il goute a me lire et a me mediter, m'en donne beaucoup a moimeme.
Agreez les assurances bien vraies des sentiments pleins d'estime et de consideration avec lesquels j'ai l'honneur d'etre,
Monsieur,
Votre tres humble et tres obeissant serviteur
Le Contemplateur d. l. Nature».[137]
Женева, января 26, 1790
День вчера был очень хорош, и я отправился в Жанту пешком, но скоро небо помрачилось и сильный дождь принудил меня искать убежища. Я зашел в крестьянский домик, где многочисленное семейство сидело за обедом. Хозяин, узнав причину нечаянного посещения моего, принес мне стул из другой горницы и просил меня отведать картофелей, сваренных его женою. Я отведал, похвалил и положил вилку. – «Что же вы не едите?» – «Я иду обедать в Жанту, к г. Боннету». – «К господину Боннету? Итак, вы с ним знакомы?» – «Знаком, хотя очень недавно». – «Какой добрый человек! Все поселяне любят его сердечно, а бедные называют отцом и благодетелем». – «Он помогает им?» – «Конечно; никто еще не уходил от него с печальным лицом». – «Итак, он много раздает денег?» – «Очень много; и, сверх того, говорит всегда так ласково, так умно, так хорошо, что у всякого слезы на глазах навертываются и всякому хочется схватить и поцеловать руку его». – «Правда, правда, батюшка!» – сказал большой сын моего хозяина. – «Правда», – повторила молодая жена его, взглянув на мужа и на меня… – Дождь перестал, и я пошел, изъявив благодарность мою гостеприимному и добросердечному поселянину. Итак, женевский мудрец не только по сочинениям, но и по делам своим есть друг человечества!