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Книга Французские сказки / Contes de fées français - София Андреевна Бакаева

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lapins.

Il met du son et des herbes[30] dans son sac et il attend que quelque jeune lapin vienne se fourrer[31] dans son sac pour manger ce qu’il y avait mis. Quand le lapin entre dans son sac, le Chat tire les cordons, prend le lapin et le tue sans miséricorde.

Tout fi er de sa proie, il s’en est allé chez le Roi et a demandé à lui parler. Dans l’Appartement de sa Majesté il a fait une grande révérence[32] au Roi, et lui a dit :

— Voilà, Sire, un lapin de garenne que monsieur le Marquis de Carabas (c’était le nom qu’il a donné à son maître), m’a chargé de vous présenter de sa part.

— Dis à ton maître, répondit le Roi, que je le remercie, et qu’il me fait plaisir.

Une autre fois, il est allé se cacher dans le blé, tenant toujours son sac ouvert ; et lorsque deux perdrix étaient entrées dans le sac, il a tiré les cordons, et les a pris toutes deux. Il est allé ensuite présenter sa proie au Roi, comme il avait fait avec le lapin de garenne. Le Roi a reçu encore avec plaisir les deux perdrix. Le Chat a continué ainsi pendant deux ou trois mois à porter de temps en temps au Roi du gibier de la chasse de son maître.

Un jour, quand le Roi devait aller à la promenade sur le bord de la rivière avec sa fi lle,

la plus belle Princesse du monde, le Chat a dit à son maître :

— Si vous voulez suivre mon conseil, votre fortune est faite ; vous devez vous baigner dans la rivière à l’endroit que je vous montrerai, et ensuite me laisser faire[33].

Le Marquis de Carabas a fait ce que son Chat lui avait conseillé[34], sans rien savoir. Pendant qu’il se baignait, le Roi a passé devant, et le Chat s’est mis à crier de toute ses forces :

— Au secours, au secours, Monsieur le Marquis de Carabas se noie[35] !

Le Roi a reconnu le Chat qui lui avait apporté tant de fois du gibier, il a ordonné à ses gardes d’aller vite au secours de Monsieur le Marquis de Carabas. Pendant qu’on retirait le pauvre marquis de la rivière, le Chat s’est approché du carrosse, et a dit au Roi que dans le temps que son maître se baignait, des voleurs sont venus et ont emporté ses habits (le Chat les avait cachés sous une grosse pierre).

Le Roi a ordonné aussi aux Offi ciers de sa Garde-robe[36] d’aller chercher un de ses plus beaux habits pour monsieur le Marquis de Carabas. Les beaux habits venaient si bien au Marquis (car il était beau, et bien fait de sa personne), que la fi lle du Roi l’a trouvé très beau et elle est tombée amoureuse avec lui.

Le Marquis de Carabas est monté dans le carrosse du Roi, et ils ont décidé de faire une promenade. Le Chat était ravi de voir que son dessein commençait à réussir[37]. Il a pris les devants, et quand il rencontrait des paysans qui fauchaient[38] le pré, il leur disait :

— Les paysans, si vous ne dites au Roi que le pré que vous fauchez appartient à Monsieur le Marquis de Carabas, vous serez tués !

Le Roi n’a pas manqué à demander aux paysans à qui appartient ce pré qu’ils fauchaient.

— C’est à Monsieur le Marquis de Carabas, ont-ils dit tous ensemble, parce que la menace du Chat leur avait fait peur.

— Vous avez là un bel héritage, a dit le Roi au Marquis de Carabas.

— Vous voyez, Sire, a répondu le Marquis, c’est un pré qui rapporte abondamment toutes les années.

Le Chat, qui allait toujours devant, a rencontré des moissonneurs[39], et leur a dit :

— Les moissonneurs, si vous ne dites que tous ce blé appartient à Monsieur le Marquis de Carabas, vous serez tous tués !

Le Roi a voulu savoir à qui appartenait tout ce blé qu’il voyait.

— C’est à monsieur le Marquis de Carabas qu’il appartient, ont répondu les moissonneurs.

Le Chat, qui allait devant le carrosse, disait toujours la même chose à tous ceux qu’il rencontrait; et le Roi était étonné des grands biens de monsieur le Marquis de Carabas. Le Chat est enfi n arrivé dans un beau château dont le maître était un Ogre très riche, parce que toutes les terres par où le Roi avait passé étaient sous la dépendance de ce château[40].

Le Chat a demandé à parler à cet Ogre. Il a dit qu’il ne voulait pas passer si près de son château, sans avoir l’honneur de lui faire la révérence. L’Ogre a reçu le Chat assez civilement[41].

— On m’a assuré, a dit le Chat, que vous aviez le don de vous changer en toute sorte d’animaux, que vous pouviez, par exemple, vous transformer en lion, en éléphant ?

— Cela est vrai, a répondu l’Ogre brusquement, et pour vous le montrer, je me transforme en lion.

Le Chat était très effrayé de voir un lion devant lui. Mais il continuait :

— On m’a assuré encore, a dit le Chat, que vous aviez aussi le pouvoir de prendre la forme des plus petits animaux, par exemple, de vous changer en une souris ; je vous avoue que je tiens cela tout à fait impossible.

— Impossible ? a dit l’Ogre, vous allez voir !

Et aussitôt il s’est changé en une souris qui s’est mise à courir sur le plancher[42].

Alors le Chat a vite saisi la souris et l’a mangé.

Cependant le Roi, qui a vu ce beau château de l’Ogre, a voulu y entrer. Le Chat, qui a entendu le bruit du carrosse sur le pontlevis[43],

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